Wall Street poursuit sa correction de la veille ce vendredi, après avoir brièvement tenté un sursaut suite aux derniers chiffres de l'emploi américain...
Wall Street poursuit sa correction de la veille ce vendredi, après avoir brièvement tenté un sursaut suite aux derniers chiffres de l'emploi américain. La cote américaine subit l'aversion au risque, après la chute de la banque californienne des startups, Silicon Valley Bank, suspendue en bourse et qui serait désormais à la recherche d'un repreneur. Le S&P 500 cède maintenant 0,33% à 3.905 pts, le Dow Jones perd 0,04% à 32.241 pts et le Nasdaq trébuche de 0,5% à 11.281 pts.
Les créations de postes restent très fortes aux USA, mais le ralentissement des salaires constitue un élément positif du point de vue des marchés, qui surveillent tout signal d'apaisement potentiel de l'inflation. Ces chiffres sont toutefois quelque peu occultés aujourd'hui par l'affaire SVB, qui sème le trouble dans le petit monde de la finance outre-Atlantique et dont les dommages collatéraux restent à préciser.
Sur le Nymex ce jour, le baril de brut WTI rend 0,2% à 75,6$. L'once d'or prend 2% à 1.871$. L'indice dollar abandonne 1,1% face à un panier de devises de référence.
Les chiffres de l'emploi américain sont ressortis très solides une fois encore au mois de février. Les créations de postes non-agricoles s'établissent à 311.000, contre 215.000 de consensus FactSet et 504.000 pour la lecture révisée du mois antérieur. Le taux de chômage s'établit à 3,6%, contre 3,4% de consensus et 3,4% un mois avant. Des gains notables d'emplois ont été enregistrés dans les loisirs et l'hôtellerie, le commerce de détail, le segment gouvernemental et les soins de santé. L'emploi a diminué dans l'information et dans le transport et l'entreposage. Les créations d'emplois dans le secteur privé non-agricole ont été de 265.000, contre 228.000 de consensus. En revanche, le secteur manufacturier a détruit 4.000 postes. Le salaire horaire moyen du mois de février a progressé de 0,2% en comparaison du mois précédent et de 4,6% en glissement annuel, contre respectivement +0,4% et +4,7% de consensus, ce qui constitue une relative bonne nouvelle sur le front de l'inflation. Le taux de participation à la force de travail est ressorti à 62,5% en février, contre 62,4% de consensus.
Notons que les créations de postes de décembre 2022 ont été revues ce jour de 260.000 à 239.000, alors que les créations de janvier 2023 ont été ajustées également en baisse, de 517.000 à 504.000.
Hier soir, les indices américains s'étaient rappelons-le effondrés, le Dow Jones ayant cédé 1,66% et le Nasdaq plus de 2%, dans le sillage de la banque Silicon Valley Bank, qui menace de s'effondrer et dont le cours est aujourd'hui suspendu. Les investisseurs craignent une potentielle contagion, ce qui devrait encore inciter à la retenue ce jour, en particulier sur le segment financier et bancaire.
Janet Yellen, Secrétaire américaine au Trésor, a précisé aujourd'hui que l'administration américaine surveillait "quelques banques", suite aux problèmes rencontrés par SVB Financial. "Lorsque des banques connaissent des pertes financières, cela est et doit être une source de préoccupation", a ajouté Yellen, citée par un journaliste du New York Times. De manière plus positive, citée cette fois par Business Insider, Yellen déclare aussi qu'il y a une chance que l'économie américaine évite la récession, alors que l'inflation ralentit.
Les marchés avaient précédemment sanctionné cette semaine les interventions du président de la Fed Jerome Powell devant le Comité bancaire du Sénat et son équivalent à la Chambre des Représentants. Ce dernier a donc indiqué que les taux finaux seraient probablement supérieurs aux attentes, et que la banque centrale se tenait prête si besoin à accélérer le rythme de la hausse des taux afin de lutter contre l'inflation. Powell a aussi expliqué qu'aucune décision n'avait été prise concernant la réunion du mois de mars, l'issue dépendant des données nouvelles.
Après les événements de la veille sur le secteur financier, les marchés, qui envisageaient un geste fort de 50 points de base de la Fed ce mois du fait du discours de Powell, en sont revenus plus raisonnablement à un pronostic de 25 pb, qui porterait la fourchette entre 4,75 et 5% sur les 'fed funds' (probabilité de 57% selon le baromètre FedWatch en temps réel). La probabilité attribuée à l'hypothèse des 50 pb n'est plus que de 43%.
Les valeurs
SVB Financial (Silicon Valley Bank), la banque californienne spécialisée dans le financement du capital-risque et des startups, est suspendue désormais en bourse après une chute de 60% hier soir à Wall Street. Le groupe a fait vaciller le monde de la finance hier soir en liquidant en catastrophe un portefeuille obligataire de 21 milliards de dollars au prix d'une perte de 1,8 milliard et en dévoilant simultanément un projet d'augmentation de capital de 2,25 milliards de dollars. Le groupe chercherait un repreneur, car il n'aurait pas été en mesure de lever des fonds... La chute de la banque a entraîné avec elle les grands noms américains de la finance JP Morgan Chase, Bank of America et autres Wells Fargo, dont les cours ont également corrigé de 5% à 6% hier et demeurent sous pression ce jour.
Pris à la gorge par la remontée ultra-rapide des taux de la Fed, SVB a donc dû liquider en urgence un portefeuille obligataire comprenant des bons US du Trésor et des actifs MBS (mortgage-backed securities). SVB n'est par ailleurs pas à l'abri d'un "bank run", puisque des investisseurs de renom tels que Peter Thiel et son Founders Fund, références du capital-risque, ont immédiatement conseillé aux entreprises de leur portefeuille de retirer leur argent de la banque, alors même que le management de Silicon Valley Bank appelait au calme. Selon Bloomberg, citant une source familière de la question, le Founders Fund a donc demandé aux compagnies de son portefeuille de retirer leurs fonds. L'agence ajoute que Coatue Management, Union Square Ventures, Canaan et Founder Collective, ont aussi conseillé aux firmes de leurs portefeuilles respectifs de récupérer tout ou partie de leur argent. Pendant ce temps, le directeur général de SVB Financial Group, Greg Becker, tenait une conférence téléphonique pour recommander aux clients de la Silicon Valley Bank, propriété de SVB, de "rester calmes" au beau milieu des inquiétudes concernant la situation financière de la banque.
Oracle, le géant désormais texan des logiciels de gestion, abandonne 3% à Wall Street. Le groupe a donc quelque peu déçu, n'atteignant notamment pas les prévisions d'analystes généreuses formulées concernant les activités cloud. Sur son troisième trimestre fiscal 2023, le groupe a affiché des revenus en croissance de 18% à 12,4 milliards de dollars, proches des attentes de marché, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 1,22$ légèrement supérieur aux anticipations. Le bénéfice net trimestriel a été de 1,9 milliard de dollars, 68 cents par action. Néanmoins, les revenus cloud, très surveillés, n'ont grimpé "que" de 45% à 4,1 milliards de dollars sur le trimestre clos fin février, ce qui déçoit certains spécialistes.
Safra Catz, la directrice générale du groupe, estime que les revenus sur le trimestre clos en mai devraient progresser d'environ 16% (15 à 17%), en ligne avec les attentes. Le bpa ajusté sur cette période est attendu entre 1,56 et 1,60$, ce qui ressortirait nettement supérieur aux anticipations. Oracle a par ailleurs augmenté son dividende de 25% à 40 cents par titre.
Ulta Beauty (+1%), spécialiste américain de la distribution de produits de beauté, a annoncé des comptes trimestriels résistants avec la hausse des prix. La chaîne de produits de beauté et salons a annoncé ainsi des résultats du quatrième trimestre supérieurs aux attentes. La direction évoque une année exceptionnelle et des ventes record. Ulta a dévoilé un bénéfice net trimestriel de 341 millions de dollars, en croissance de 18%, et un bénéfice dilué par action de 6,68$ en augmentation de 23%. Les revenus ont atteint 3,2 milliards de dollars, soit une progression de 18% par rapport à l'année précédente. Les ventes à magasins comparables, pour les magasins ouverts depuis au moins 14 mois, ont augmenté de 15,6%. Les analystes interrogés par FactSet s'attendaient à un bpa ajusté de 5,7$ et des revenus de 3 milliards environ. Les ventes des magasins comparables étaient attendues en hausse de 8,7%... Sur l'exercice, Ulta a affiché des revenus de 10,2 milliards de dollars et un bénéfice net de 1,2 milliard.
Gap, détaillant américain en vêtements, abandonne 5% à Wall Street. Le groupe vient de publier des comptes trimestriels sans relief et table sur une poursuite du déclin des ventes, avec l'impact de l'inflation. Gap va par conséquent remanier ses équipes managériales en éliminant certaines couches... Pour son quatrième trimestre, le groupe a enregistré une perte nette de 273 millions de dollars, 75 cents par action, contre une perte de 16 millions de dollars un an avant. Les revenus ont chuté de 6% à 4,24 milliards de dollars. Les ventes des magasins comparables ont décliné de 5%. Les analystes interrogés par FactSet s'attendaient à ce que Gap affiche une perte ajustée de 46 cents par action, pour des revenus de 4,36 milliards de dollars et une régression de 3,1% des ventes à magasins comparables.
Gap supprime le rôle de directeur de la croissance, tenu par Asheesh Saksena. Sheila Peters, 'Chief People Officer' chez Gap, partira également à la fin de l'année. Le groupe est sur le point de choisir un nouveau directeur général, après la démission de Sonia Syngal en juillet. La firme supprimera des "couches de gestion" et prendra d'autres mesures pour simplifier les opérations, ce qui devrait permettre d'économiser 300 millions de dollars. Gap estime que ses ventes du premier trimestre pourraient chuter 'dans une fourchette moyenne à un chiffre' en glissement annuel. Pour l'ensemble de l'année, les ventes pourraient reculer dans une fourchette basse à moyenne à un chiffre. Les analystes interrogés par FactSet s'attendaient à une croissance pour l'ensemble de l'année...
Tesla (+1%), le constructeur texan de véhicules électriques, a contacté des fournisseurs asiatiques pour obtenir une puissance plus élevée et un coût inférieur pour ses batteries, selon Reuters. Des personnes familières avec les plans citées par l'agence indiquent que le groupe d'Elon Musk a fait ainsi appel à Ningbo Ronbay New Energy, Suzhou Dongshan Precision Manufacturing et L&F Co pour l'aider concernant ses batteries 4680, que LG Energy Solution et Panasonic fabriqueront également pour le Cybertruck de Tesla.
Meta (stable), ex-Facebook, envisage de lancer un réseau social qui pourrait concurrencer Twitter en tant que place publique numérique au niveau mondial. Selon un porte-parole de Meta cité par l'agence Reuters, le groupe évalue en effet "un réseau social décentralisé autonome pour le partage de mises à jour textuelles", où les créateurs et personnalités pourraient partager "des mises à jour opportunes". Reuters évoque une application fonctionnant de manière décentralisée à l'instar de Mastodon. La date de lancement n'a pas été précisée.